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APESA, le lanceur d'alerte des entrepreneurs

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  • Crédits photos : APESA

Alors que la tendance est au « mieux vivre en entreprise », on est trop souvent tenté d’ignorer la détresse psychologique du dirigeant confronté à de graves difficultés. Un réseau de praticiens des juridictions commerciales, témoins de cette réalité, a décidé de réagir en créant APESA pour les identifier et les soutenir. Un dispositif actif dans les Yvelines depuis juin 2019.

Pour un chef d’entreprise, le passage au Tribunal de commerce signifie la fin brutale d’un rêve de réussite, mais aussi la culpabilité. Bon nombre d’entreprises ont en effet un caractère familial et la majorité des patrons de PME connaissent bien leurs salariés et leurs familles. Un échec entrepreneurial dans ce contexte, les met directement face à leur responsabilité sociale. Une situation qui peut déclencher une détresse psychologique profonde, pouvant aller jusqu’à des idées suicidaires. Un tabou, auquel ont décidé de s’attaquer des praticiens du Tribunal de commerce de Versailles (juges, greffiers, mandataires et administrateurs) qui ont rejoint le réseau APESA* (Aide Psychologique aux Entrepreneurs en Souffrance Aigüe) créé en 2013, par Marc Binnié, greffier au Tribunal de commerce de Saintes.

 UNE PRISE EN COMPTE DE LA SOUFFRANCE MORALE

 

« Le dispositif APESA fonctionne à partir de « sentinelles », professionnels du droit spécialement formés à la détection de la détresse psychologique. Avec l’accord des entrepreneurs, ils déclenchent une alerte, point de départ de la prise en charge », précise Patrick Assouad, d’APESA Yvelines. Dans le département, tous les juges, greffiers, mandataires et administrateurs judiciaires du Tribunal de commerce de Versailles sont habilités à déclencher une alerte. Plusieurs cabinets d’avocats les ont également rejoints. Une fois l’alerte donnée, l’entrepreneur en détresse est contacté téléphoniquement par un psychologue pour un premier diagnostic d’urgence. « Si besoin, il l’oriente vers un psychologue proche de son domicile. APESA prend en charge les 5 premières séances. Les psychologues sont spécialement formés aux spécificités de la souffrance liée aux difficultés des entreprises », ajoute Patrick Assouad.

Depuis le 27 avril 2020, APESA est aussi un numéro vert : 0805 65 50 50 

L'APESA ÉLARGIT LES PRISES EN CHARGE

Sur ses 6 premiers mois d’activité, APESA Yvelines a formé 60 sentinelles et 30 psychologues, pris en charge 14 entrepreneurs en détresse, dont la moitié avaient des idées suicidaires. Si la crise sanitaire à fortement réduit l’activité des tribunaux de commerce, obligeant APESA à mettre à disposition un numéro vert national, les choses rentrent peu à peu dans l’ordre. L’association yvelinoise entend notamment améliorer sa détection par l’augmentation du nombre de sentinelles, une prise en charge plus précoce et une meilleure coordination régionale. L’idée est également d’élargir la population prise en charge. « Notamment des professions libérales qui souffrent particulièrement, mais qui ne relèvent pas de la compétence des tribunaux de commerce, mais de celle des tribunaux judiciaires. Un élargissement auquel le Garde des Sceaux s’est récemment montré favorable », nous indique Patrick Assouad.

 


* L’association est déployée dans 74 juridictions.